LE FIGARO - LuxLeaks : «Je suis politiquement responsable» admet Jean-Claude Juncker

Le nouveau président de la Commission européenne a assumé la responsabilité des législations mises en place lorsqu'il présidait aux destinées du Grand-Duché, de 1995 à 2013, dans une intervention impromptue devant la presse européenne.

De notre correspondant à Bruxelles, Jean-Claude Juncker sort du bois.

 

Après une semaine de silence embarrassé, le nouveau président de la Commission européenne a fini par accepter mercredi la responsabilité des cadeaux fiscaux consentis aux multinationales par le Luxembourg, quand il était premier ministre du Grand-Duché.

 

Ancien chef de gouvernement, «je suis politiquement responsable de ce qui s'est fait dans les tous les coins et recoins» du pays, a concédé le président de la Commission, gêné par l'enquête de presse qui détaille les accords fiscaux noués avec 340 multinationales. Mais dans sa bouche, ce n'est ni un aveu, ni un signe de vulnérabilité. A Bruxelles, il tente au contraire de reprendre l'initiative.

 

Devant la presse, Jean-Claude Juncker répondait pour la première fois publiquement à des questions qu'il juge lui-même «raisonnables et légitimes». Il devait faire de même un peu plus tard, au Parlement européen. Les eurodéputés de la gauche radicale veulent proposer une motion de défiance. Mais à quelques nuances près, la majorité de la droite, des socialistes et des libéraux, s'y oppose et refuse de fragiliser davantage l'Exécutif européen.

 

Le chef de la Commission, sous pression, prépare sa controffensive là où il a subi le choc: il veut forcer les Vingt-huit à la transparence sur les fameux accords fiscaux privilégiés (tax rulings) qui sont aujourd'hui reprochés au seul Luxembourg. Pierre Moscovici, le commissaire français, s'est vu ainsi confier l'élaboration d'un texte européen qui obligerait chaque pays de l'UE à avertir automatiquement ses 27 partenaires de tout accord conclu avec une entreprise, qui sortirait du droit fiscal commun.


Pour Jean-Claude Juncker, la pratique des tax rulings est «bien établie dans 22 pays membres de l'UE». Même si elle peut, poursuit-il, conduire à des situations qui ne sont pas «conformes aux normes éthiques et morales généralement admises». Au Luxembourg comme ailleurs.

Stampa solo il testo dell'articolo Stampa l'articolo con le immagini

Articolo pubblicato il 12/11/2014